Bronchiolite : la campagne d’immunisation des nourrissons est un succès

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    Bronchiolite : la campagne d’immunisation des nourrissons est un succès
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Destination Santé

Deux études officielles françaises démontrent l’efficacité de l’immunisation préventive des nourrissons par l’anticorps monoclonal nirsevimab dans la prévention des cas graves d’infection par le VRS et la réduction des hospitalisations. La campagne d’immunisation collective des nourrissons de l’automne/hiver 2023-2024 a permis d’éviter près de 6 000 hospitalisations.

L’hiver 2022-2023 avait été marqué par une épidémie de bronchiolite due au virus respiratoire syncytial (VRS) particulièrement intense, entraînant de nombreux passages aux urgences et hospitalisations de nouveau-nés. Pour rappel, le VRS est une cause majeure d’hospitalisations et de décès chez les nourrissons dans le monde entier. Face à cette situation, les autorités sanitaires françaises ont lancé une campagne d’immunisation préventive de tous les nourrissons à partir du 15 septembre 2023 et pendant tout l’hiver. La France a ainsi été l’un des premiers pays à administrer le nirsevimab, un traitement à base d’anticorps monoclonal à action prolongée administré en une seule dose (Beyfortus®), dans l’objectif de prévenir les infections des voies respiratoires inférieures causées par le VRS. Cependant, l’efficacité en vie réelle du nirsevimab (c’est-à-dire hors études expérimentales), ainsi que le nombre d’hospitalisations évitées, restaient inconnus.

Immunisation préventive contre le VRS : le verdict en vie réelle

Pendant cette première saison hivernale 2023-2024, deux études ont été conduites, en collaboration avec l’Institut Pasteur et Santé Publique France, dont les résultats préliminaires sont révélés aujourd’hui. La première étude visait à estimer l’efficacité en vie réelle du nirsevimab contre les cas de bronchiolite à VRS admis en réanimation. La seconde étude était une analyse de modélisation mathématique évaluant l’impact de ce médicament en termes d’hospitalisations évitées. Les deux sont positives.

Une efficacité jusqu’à 81 %

L’efficacité du traitement nirsevimab en vie réelle contre les cas graves d’infection à VRS est estimée entre 75,9 % et 80,6 % pour les nourrissons admis en réanimation. Ces analyses concordent notamment avec les résultats d’une étude clinique internationale qui avait été menée auprès de 8 058 nourrissons.

5 800 hospitalisations pour bronchiolite évitées

De plus, selon le second travail de modélisation, l’administration du nirsevimab a permis d’éviter environ 5 800 hospitalisations pour bronchiolite après passage aux urgences entre le 15 septembre 2023 et le 31 janvier 2024 en France métropolitaine, dont 4 200 chez les enfants âgés de 0 à 2 mois (15 septembre 2023 – 4 février 2024).

Cela correspond à une réduction de 23 % du nombre total d’hospitalisations pour bronchiolite à VRS après passage aux urgences (-35 % chez les 0-2 mois) par rapport au scénario sans administration.

Dans le scénario de base avec 215 000 doses administrées au 31 janvier 2024, l’efficacité du nirsevimab contre les hospitalisations pour bronchiolite à VRS a été estimée à 73 %, ce qui correspond à 1 hospitalisation évitée pour 39 doses administrées.

Simon Cauchemez, responsable de l’unité de Modélisation mathématique des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur résume ces résultats : "Avec une hospitalisation pour bronchiolite à VRS évitée pour environ 40 enfants traités, notre étude met en évidence la pertinence de l’administration du nirsevimab pour réduire les hospitalisations dues au VRS. Les deux études utilisent des approches différentes. L’une analyse les données en situation réelle dans les services de réanimation pédiatrique alors que l’autre modélise les données de surveillance en population ; mais elles aboutissent à des estimations similaires de l’efficacité du nirsevimab."

Comment fonctionne le nirsevimab ?

Le principe est d’immuniser les nourrissons afin qu’ils soient prêts à affronter l’épidémie de VRS de l’hiver, c’est-à-dire au cours de leur première saison d’exposition au virus. Le nirsevimab (Beyfortus®) est un anticorps monoclonal qui cible la protéine F, qui se trouve à la surface du virus et qui lui est nécessaire pour infecter l’organisme. Il ne s’agit pas d’un vaccin. La durée de protection est d’au moins 5 mois. Le nirsevimab (Beyfortus®) doit être administré (1 unique injection intramusculaire) préférentiellement avant la sortie de la maternité pour les nouveau-nés

Jusqu’à présent, seul un traitement préventif était disponible, le palivizumab, un autre anticorps monoclonal anti-VRS, relativement contraignant (schéma posologique à plusieurs doses), avec une durée de vie relativement courte (1 mois), et administré uniquement aux nourrissons les plus fragiles, en particulier aux grands prématurés.

Pourquoi immuniser tous les nourrissons ?

Les étude constatent une forte adhésion des professionnels de santé et des parents à cette stratégie d’immunisation de l’ensemble des nourrissons. Et c’est tant mieux car les bénéfices individuels et collectifs de la prévention sont multiples : il s’agit de retarder autant que possible la première infection de l’enfant, qui est quasi systématique chez tous les enfants de moins de 2 ans mais plus grave chez les nourrissons de moins de 3 ou 6 mois ; de réduire la gravité de la maladie chez l’enfant ou le sujet âgé ainsi que chez leur entourage ; de diminuer l’impact de la maladie sur la société ; et enfin, de désengorger le système de soins et les services d’urgence pendant la période épidémique.

En savoir plus : La bronchiolite : questions/réponses en direction des parents

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