ANALYSE. "Œil pour œil, dent pour dent" ou la loi du Talion : pourquoi l'Iran doit-il "punir" Israël tout en évitant l'escalade ?

Publié le , mis à jour

Le scénario d'une attaque de l'Iran contre Israël, en représailles à une frappe meurtrière contre son consulat à Damas imputée à Tsahal, devient une "menace plausible" et affole la région. Téhéran assure cependant vouloir éviter une escalade dans ces nouvelles tensions, mais est "culturellement" obligé de répliquer à Israël. On vous explique pourquoi.

"Ne le faites pas" :le président américain Joe Biden, a mis en garde ce vendredi 12 avril contre une possible attaque de l'Iran contre Israël et appelé Téhéran à la retenue, tout comme l'ont fait le Royaume-Uni ou encore la Russie, l'Inde ou la Pologne.

Le scénario d'une attaque de l'Iran contre Israël, en représailles à une frappe meurtrière contre son consulat à Damas imputée à Tsahal, gagne en crédibilité, la Maison blanche évoquant une "menace plausible". Signe d'une tension accrue, la France a recommandé vendredi à ses ressortissants de "s'abstenir impérativement" de voyager dans les jours qui viennent en Iran, au Liban, en Israël et dans les territoires palestiniens "face aux risques d'escalade militaire".

Lequel est le plus belliqueux des deux ?

D'où vient ce risque d'escalade militaire ? Les autorités iraniennes imputent à Israël le raid aérien mené le 1er avril dernier contre le consulat et la résidence de l'ambassadeur d'Iran à Damas. Une opération qui a fait sept morts dans les rangs de la force al-Qods, unité d'élite des Gardiens de la Révolution islamique, notamment le général Mohammad Reza Zahedi, un responsable de premier plan.

Le guide suprême de la Révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, a ensuite déclaré le mercredi 10 avril qu'Israël "devait et allait être puni" pour cette attaque qu'il a dit considérée comme survenue sur le sol iranien. 

Entretemps, Téhéran, qui soutient de longue date le Hamas palestinien mais nie toute implication dans l'attaque du 7 octobre dernier en Israël, s'est soigneusement abstenu de tout rôle direct dans les répercussions régionales de la guerre à Gaza. Des groupes alignés sur l'Iran (baptisés Axe le la résistance), comme le Hezbollah libanais ou les Houthis au Yémen, ont toutefois mené des attaques contre Israël. Des milices chiites ont aussi lancé des attaques contre des bases américaines en Syrie et en Irak; aucune n'est toutefois survenue depuis début février.

Mais le temps passant, après l'attaque du consulat à Damas et 7 mois  de guerre à Gaza, une source iranienne a dit ne pas exclure la possibilité que des membres de l'Axe de la résistance puissent attaquer Israël à tout moment, un scénario que des analystes ont cité comme l'une des représailles possibles.

Pour Téhéran, éviter l'escalade ?

Toutefois, selon une source proche des services du renseignement américain, Téhéran a été "très clair" sur le fait que sa réponse à l'attaque attribuée à Israël serait "contrôlée" et destinée à éviter une escalade. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian, lors d'une visite à Oman (qui sert souvent d'intermédiaire entre Iran et Etats-Unis),  a signalé que Téhéran était disposé à une désescalade à condition que ses demandes soient satisfaites, en particulier un cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza. Israël s'oppose à une telle idée, disant vouloir "éradiquer" le Hamas et garantir sa sécurité nationale via son offensive dans l'enclave palestinienne.

Selon des sources iraniennes, Téhéran, qui n'oublie pas aussi de vouloir relancer les négociations veut aussi des garanties que les Etats-Unis n'interviendront pas si une "attaque contrôlée" est menée contre Israël. Une demande rejetée par Washington.

La même loi du Talion en vigueur pour Israël et l'Iran

Mais pourquoi l'Iran doit-il répondre et "punir" Israël ? Plus que politique, Téhéran en tant que république islamique ne peut que répondre à l'attaque de son consulat à Damas, imputée à Israël. Cette obligation à riposter est en quelque sorte écrite dans ses chromosomes et ceux de l'Islam, une obligation qui trouve sa justufucation dans la fameuse "loi du Talion" : "Oeil  pour oeil, dent pour dent...", qui consiste en la réciprocité du crime et de la peine, et qui est citée plusieurs fois dans le Coran.

Une loi du Talion qu'Israël connaît bien, puisqu'elle figure aussi dans la Torah, et qu'elle aussi est écrite dans les chromosomes du judaïsme. Et c'est cette même loi qui prend tout son sens dans la riposte d'Israël dans la bande de Gaza, après l'attaque du Hamas du 7 octobre dernier.

Quant à cette loi du Talion, l'une des plus anciennes lois sur Terre, elle est apparue pour la première fois il y a plus de 3 750 ans à Babylone, un royaume alors situé entre Irak, Syrie et Iran...

Que peut ou va faire l'Iran ?

Téhéran a peut-être esquissé une première riposte "contrôlée" contre Israël, ce samedi 13 avril, avec la saisie par les Gardiens de la révolution iraniens d'un cargo lié à Israël dans le détroit d'Ormuz, entre les Émirats arabes unis et l'Iran. Quelques jours auparavant, Téhéran avait averti d'une possible fermeture de la zone au trafic maritime. 

Pour Israël, "Téhéran se livre à des actes de piraterie et devrait être sanctionné pour cela", a déclaré dans la foulée le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz. Le même qui face à la menace d'une attaque de l'Iran, répond du tac au tac : "Si l'Iran attaque depuis son territoire, Israël répondra et attaquera en Iran".

Des deux côtés, la loi du Talion est (hélas) encore bien vivante.

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Les commentaires (1)
Milsabords Il y a 16 jours Le 13/04/2024 à 18:37

A force de tirer sur la corde ...